Tribune : Formation en entrepreneuriat, quelle arnaque !

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Entreprendre avec zéro franc ?Une illusion notoire. Oui une illusion notoire ! Ces 10 dernières années, des formations sur l’entrepreneuriat poussent comme des champignons dans la capitale guinéenne et dans les régions du pays. Une situation perçue pour certains comme une opportunité d’aide aux jeunes afin de sortir de la victimisation. Et pour d’autres, ce n’est qu’un ‘’m’as-tu vu ou tape à l’œil ou en encore une arnaque planifiée’’. Personnellement, je suis de cette dernière catégorie. Il est à reconnaître que l’entrepreneuriat ne se fait pas sur des histoires racontées tout au long d’une journée ou des semaines sans action concrète. De surcroit des personnes qui n’ont pas de projets, à plus forte raison une entreprise qu’elle soit petite ou moyenne en guise d’exemples.

Entreprendre avec zéro franc, c’est le pire mensonge de plusieurs formateurs dans ce domaine. Ces soi-disant formateurs n’ayant ni l’idée du projet, ni de projet concret encore moins une entreprise fonctionnelle nous vendent du ‘’rêve’’ au quotidien. Seriez-vous d’accord avec moi que c’est impossible cette théorie développée par ces derniers ? A vous de méditer profondément.

Chercher des informations sur Internet dans le domaine que nous voulons nous lancer, rédiger un projet, rédiger un business plan, faire des démarches pour chercher un local, aménager ce local, entretenir ce local, acheter des matériels de travail ou des produits à vendre, payer les frais de location, gérer les canaux de communication s’il existe, avoir un budget de fonctionnement, payer de transport à la quête d’autres consultations pourrait-il se faire avec ce zéro franc ? Non pour nous qui voyons la non faisabilité de cette théorie mais oui pour les vendeurs de rêves. Alors chers futurs entrepreneurs, réfléchissons bien et visons loin avec une clairvoyance sans influence d’autrui.

Formation gratuite, un visage caché

Ils annoncent que la formation est gratuite mais l’inscription est à cent mille francs guinéens (100.000 GNF). Plus loin, la formation est gratuite mais l’attestation de formation est à soixante-dix mille francs (70.000 GNF) pour une durée d’une journée avec 2 ou 4heures d’entretien. Imaginons 100.000 GNF x 100 personnes, nous aurons dix millions de francs (10.000.000 GNF). Et s’il s’agit de ces 70.000 GNF x 100 personnes, nous pouvons obtenir une somme de sept millions de francs guinéens (7.000.000 GNF). Mais pour quelle fin ? Parfois même tu as fait de crédits pour suivre la formation. De quelle gratuité nous parlent-ils exactement ? Pourtant s’ils s’engagent de former les jeunes gratuitement, ils doivent assumer le tout pour tout mais c’est autre chose. Imaginons également si ces formateurs ou initiateurs de ces formations ont besoin d’un prix de pain et de haricot chaque matin ? Forcément, leur communication doit être maladroitement désorientée pour gagner leur cible. Les étudiants en situation de classe ou des diplômés sans aucun repère clair. Dans la plus grande partie de ces organisateurs, ils ne sont pas situés mais ils se trouvent dans une situation confuse de s’offrir un bon chemin. D’ailleurs, même certains de ces formateurs n’ont aucune expérience dans l’entrepreneuriat sauf s’ils se connectent pour faire copier-coller. Depuis quand un journaliste forme des étudiants en Anatomie ? Ou un médecin forme des journalistes en écriture journalistique ? Encore moins un assistant pédagogique (littérature par exemple) forme des centaines de jeunes sans emploi en entrepreneuriat ? C’est juste incroyable. Alors s’il vous plait, laissons la formation sur l’entrepreneuriat aux vaillants entrepreneurs qui ont roulé leur bosse.

Sortons de ce mensonge maquillé de toutes pièces avec des belles illustrations d’images sur leur publication. Disons clair à qui de droit que la formation est payante à tel prix et à tel prix. C’est une question d’honnêteté et fiabilité dans nos différentes démarches.

Entreprendre, c’est de prendre des risques

Depuis belle lurette, la création d’une entreprise demande des dépenses énormes en terme financier, en temps et en énergie et aussi beaucoup de sacrifices pour qu’elle ait une bonne place dans le marché concurrentiel sans pitié. Mais avant, il faut mettre en tête que cela demande une bonne organisation du début à la fin. Avant de lancer une entreprise, il faut tout d’abord une idée de projet, la rédaction du projet incluant les tenants et aboutissants, la rédaction d’un business plan, établir une stratégie de communication adéquate, savoir identifier sa cible, la quête d’un coach ou d’un consultant en la matière par expérience, la recherche de financements, la planification de démarrage des actions concrètes etc. ceci dit que rien ne pourrait se faire dans la gratuité ou encore dans l’optique de dire que l’on puisse entreprendre avec zéro franc. Précision : cette procédure n’est qu’une petite expérience d’un jeune étudiant guinéen.

Toutes ces étapes ont des impacts négatifs et positifs mais il faut savoir se relever en cas de chute et continuer à miser grand. Nous avons tous été témoins que plusieurs entreprises ont cessé de fonctionner par manque d’argent et d’autres aussi sont sur le point d’emboîter le pas, pas parce qu’il n’y a pas de ressources humaines nécessaires mais tout simplement, c’est impossible d’entreprendre avec zéro franc.

La meilleure façon de réussir dans un travail, c’est de rester constant et faire ce que nous aimons de plus dans la patience et la détermination sans relâche. Et retenez que l’entreprise ne se crée pas en une journée d’échanges.

Mamadou Adama BARRY

Journaliste et activiste des droits de l’homme