Sénégal: deux ans de prison avec sursis pour trois pères qui avaient aidé leurs enfants à émigrer

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Crew members of the 'Ocean Viking' rescue ship, operated by French NGOs SOS Mediterranee and Medecins sans Frontieres (MSF), help a child climb on board of a "rhib", an inflatable dinghy, from an inflatable boat carrying some 85 migrants on August 9, 2019, during their first rescue operation in the Mediterranean Sea. - For volunteers who come to the rescue of migrants in distress in the Mediterranean Sea, panic in makeshift boats is the enemy that risks taking everything away. In recent years, many deadly accidents off the coast of Libya have occurred as a result of a crowd movement, just as the migrants were seeing help after hours or even days of anguish at sea. (Photo by Anne CHAON / AFP)

Au Sénégal, le jugement a été rendu ce mardi matin dans l’affaire des trois pères de famille poursuivis pour avoir fait embarquer leurs enfants sur des pirogues à destination de l’Espagne. L’un des jeunes, Doudou, mineur, était mort en mer fin octobre. Son père avait l’espoir qu’il devienne footballeur professionnel en Europe.

L’audience se tenait au tribunal d’instance de Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar. Une audience au cours de laquelle les pères de famille ont été finalement condamnés à deux ans de prison, dont un mois ferme.

Une peine plus légère que les deux ans de prison ferme requises par le procureur. Les trois hommes ont été relaxés du chef de « complicité de trafic de migrants », mais reconnus coupables de « mise en danger de la vie d’autrui ». En l’absence des avocats de la défense, qui demandaient la relaxe pure et simple, la lecture du délibéré a été très rapide dans une salle d’audience comble dans ce tribunal où d’autres jugements liés à l’émigration clandestine ont été rendus.

Les départs ont repris de plus bell,  depuis le mois d’octobre, des côtes sénégalaises vers les Canaries et c’est dans ce contexte que s’est tenu ce procès qui divise. Car ce ne sont pas des candidats au voyage qui étaient jugés ni des intermédiaires.

Pour l’accusation, ces pères de famille ont fait preuve de grave négligence en payant des passeurs, en organisant ces départs, dont celui du jeune Doudou qui a viré au drame. Pour la défense, en revanche, ces pères ne sont pas des coupables, mais eux-mêmes des victimes. Pour des observateurs de cette question migratoire, ce procès entrait dans une nouvelle stratégie de « dissuasion » de la part de l’État pour faire passer un message aux familles.

rfi.fr