Kaback menacé de disparition: un fils du terroir se remémore du beau vieux temps ( Par Djibril CAMARA)

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Autre fois quand la nuit tombait, on entendait nos mamans chanter au claire de la lune. Elles éclataient de rire avec beaucoup de joie au cœur. Elles chantaient et dansaient au rythme du balafon et du tam-tam que faisaient  raisonner l’oncle Samban Mödou et cousin Daouda.
De Samgbon à Matakang en passant par Seydouyah, Yélibanè, Kalia, Manké Tonguiron sans oublier Kènèndé, Yélikèry, Kakèndi et Youlayén, chaque district avait son ensemble instrumental.
Nos mamans composaient des chants pour l’accueil des étrangers et des autorités.
Mais les chants qu’elles composaient étaient des vrais messages à l’endroit des hôtes.
Toutes les difficultés et les besoins des populations locales étaient exprimés de cette manière.

C’était aussi une vraie école pour les enfants et la jeunesse qui ignoraient l’alcool et la prostitution.
Nos mamans apprenaient aux enfants et à la jeunesse comment se comporter devant des étrangers et les autorités.
Les filles écoutaient attentivement toutes les expressions musicales.

Une fois au marigot pour la lessive, les filles apprennent à chanter comme les mamans. Surtout quand elles balaient les cours. On les entendait murmurer au rythme du balai, les chants qu’elles ont pu retenir auprès des mamans.

En ce moment les garçons qui jouaient derrière la maison les écoutaient et étaient fascinés, attirés par les belles voix des filles. Les relations amicales se négociaient sur la route du marigot. Les belles sœurs et les beaux frères assuraient la médiation.

Le mariage entre les deux conjoints se déroulait devant les membres des deux familles respectives et selon les textes coraniques.
Aucune forme de viol n’était constatée et même les grossesses hors mariage étaient rares. Les filles se préservaient jusqu’au mariage. Quand une fille tombait enceinte, c’était une honte énorme pour la mère devant ses coépouses.
Une grossesse hors mariage faisait l’objet d’humiliation profonde à l’endroit des parents de son auteur aussi.

L’éducation des enfants était au centre de tout.  Les parents investissaient beaucoup dans l’éducation des enfants pour éviter un éventuel regret d’avoir mis au monde des enfants irrespectueux, impolis…

Kaback était une terre agricole à ciel ouvert et naturellement fertile.
Les activités agricoles répondaient cinq sur cinq.
Le financement de tous les projets et leurs réalisations étaient rendus faciles grâce à l’agriculture.

Aujourd’hui tout a basculé. Kaback est menacée de disparition. La digue qui protégeait une population estimée à 31.000 habitants a totalement disparu. Les populations se demandent que faire ?
KABACK va-t-il  disparaître avec toute cette beauté naturelle et l’authenticité de la culture qu’elle incarne ?
Et quand KABACK disparaîtra, la préfecture de Forécariah ne comptera plus 9 sous-préfectures, mais plutôt 8.
La Guinée qui compte 12millions d’habitants aura 31.000 de moins. Il restera 11.969.000 habitant.

Djibril Kaback CAMARA

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