Les questions d’intérêt national se discutent-elles seulement à la primature ? ( Jacques Lewa Leno)

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La presse a certes été invitée, mais elle n’était nullement condamnée à répondre. Il n’y avait aucune contrainte. Par respect pour les institutions de la république on vient prendre place dans la salle de conférence du palais de la colombe, aux côtés des dignitaires du pouvoir pour écouter et parler. Ce qui n’est pas condamnable. Mais avant le 4 septembre nous avons tout entendu. Ici et ailleurs. A travers des radios d’informations politiques qui diffusent en majorité à Conakry, nous avons accompagné les politiques et organisations de la société civile. Ceux qui soutiennent et ceux qui s’opposent. Il est difficile de savoir, quel rôle nous voulons vraiment jouer dans ce processus.
L’union des radios et télévisions libres de Guinée vient de confirmer la même confusion déjà entretenue par les journalistes individuellement pris. Ou par des médias qui ont une grande histoire dans ce pays. Le bureau exécutif veut réfléchir. Souhaite-t-il lui aussi engager des consultations primaires avec tous les membres avant de donner une réponse intelligente à la Martine Condé ? Souhaite-t-il entendre la base pour dire sa position sur le débat encours autour de la constitution ? Nous en sommes là. La haute autorité de la communication n’a pas eu besoin de plénière. Après sa rencontre avec le premier ministre, elle a dit ne pas vouloir prendre partie par la voix de sa présidente.
Ramener la réponse des radios et télévisions privées de Guinée dans un document écrit que le premier ministre aura le privilège de lire, c’est à la fois clamer la transparence et cacher ses combines. Le flou ne devrait pas avoir sa place. Mais qui sait, la troupe à Sanou Kerfala Cissé veut certainement jouer la carte de la prudence. Il est actuellement difficile de connaître dans ce pays, ce que pensent les médias d’un referendum constitutionnel. Chacun fait entendre sa position de manière subtile. Il suffit de nous écouter avec attention. La logique voudrait que les associations de médias renouvellent à la primature, leur détermination à informer et sensibiliser le peuple. Relayer les messages des uns et des autres et agir en toute responsabilité.
Dommage : certaines radios ont pris clairement position. Les unes voulant snober les promoteurs d’une nouvelle constitution. Les autres voulant jouer à l’équilibre sont connotées à tort.
Le journaliste guinéen est face à lui-même. Il est face aux règles et principes du métier qu’il connaît par cœur. Chacun sait parler de la déontologie, de l’éthique et de la loi sur la presse loin du micro. Ce n’est pas souvent aisé et tout ne se résume pas par le déficit de formation.
Nous avons besoin de formation certes, mais nous avons surtout et beaucoup plus besoin d’informations. Le manque d’informations nous pousse à relayer des messages à la fois insensés et polémistes. Le manque d’informations nous maintient dans une position inconfortable de journalistes militants ethniques. Le manque d’informations, nous pousse à voir la vérité seulement de notre côté et de celui de notre groupe ethnique. Un temps de crise comme celui que nous vivons actuellement ne devrait en aucun cas nous amener à nous cacher derrière un combat quelconque pour démissionner. Nous n’avons aucun intérêt à renoncer à notre travail parce que nous sommes opposés ou soutenons une idée. La démission n’a pas sa place. La confusion non plus. Le journaliste recherche la vérité exhaustive et la livre de manière indépendante et désintéressée, ne l’oublions pas.

Jacques Lewa Leno, journaliste au groupe Hadafo Médias

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