La Guinée, sauf changement de dernière minute, ira au référendum ce dimanche 22 mars 2020. Ce sera l’épilogue de débats stériles et de querelles byzantines, conduits la plupart du temps par des hommes et des femmes mus par un instinct de survie politique, mais aussi par une sorte d’ignorance du caractère d’un référendum qui est en réalité un outil démocratique et un moyen de recueillir l’expression publique. Compris ainsi, un référendum permet à l’ensemble des citoyens d’approuver ou de rejeter une mesure proposée par le pouvoir exécutif.
Mais malheureusement depuis près d’un an, l’émotion l’emporte sur la raison ; alors que cela aurait dû être un prétexte au débat car l’impératif pour la Guinée, c’est de refonder la politique à travers un esprit citoyen.
Ainsi de manipulation en instrumentalisation, on a fini par ôter tout sens au débat public en Guinée, se focalisant juste sur des problèmes de mandats alors que le referendum c’est consulter directement les électeurs sans intermédiaire, mais cela s’explique : la classe politique, en tout cas les plus représentatifs, pensent que c’est leur dernière chance de diriger le pays …….
Conséquence, le pays est à l’arrêt, le guinéen lambda qui vit au jour le jour est davantage enfermé dans une zone grise, vivant d’arguments d’autorité et en adoptant un certain fatalisme alors que, qu’on le veuille ou non, un débat sur la constitution s’impose ne serait-ce que sur le cas de la candidature indépendante aux élections nationales conformément à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples ,aussi il convient de rappeler en général que nos constitutions sont des greffes des constitutions occidentales et sortir du caractère mimétique prouverait davantage notre aptitude à penser par nous-mêmes et adapter nos constitutions à nos propres réalités.
Nous n’appartenons pas à cette catégorie de personnes qui pense que les crises constitutionnelles sont l’expression d’un recul démocratique mais plutôt une forme de maturation annonciatrice de nouveaux changements plus aptes à répondre à nos exigences.
Par ailleurs le débat constitutionnel en Guinée a montré la qualité de la société civile guinéenne qui aurait dû être l’arbitre du débat politique mais malheureusement elle n’a pas réussi à délimiter les frontières de ce qui relève de société civile ou de politique ; de ce fait elle n’a fait qu’accompagner les agendas souvent pervers d’acteurs politiques. Ce qui nous fait dire que les hommes politiques ont réussi à arrimer leurs ambitions à nos émotions.
De toute façon une nouvelle forme de relation doit jaillir entre les acteurs politique de la Guinée au sortir du référendum : le dialogue, le dialogue, le dialogue d’autant plus qu’un nouveau phénomène vient agiter la marche du monde : le covid-19, cette pandémie du chacun pour soi où on aura besoin de tout un chacun pour en arriver à bout !!! Que chacun de nous montre à quel point il aime la Guinée
Le 22 mars le référendum se fera.
Que ceux qui ne sont pas d’accord aillent voter non. En tout état de cause la violence ne sera pas une réponse adéquate.
Prions pour que la Guinée retrouve ses esprits et tous ses fils pour son bonheur.
IBRAHIMA BALAYA
PRÉSIDENT DU FORUM CIVIL GUINEEN