En 2020, l’humanité a mis trois semaines de plus à épuiser la planète

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Chaque année, le jour du dépassement, le jour où l’humanité a consommé plus que ce que la planète peut offrir en douze mois intervient un peu plus tôt. 2020 est cependant une année particulière; pandémie et confinement obligent. Ainsi, pour la première fois, ce jour du dépassement arrive plus tard que prévu, ce samedi 22 août. Il s’agit a priori d’une bonne nouvelle, mais qui devrait rester exceptionnelle.

9 juillet 2019, 22 août 2020 : l’humanité a mis trois semaines de plus à consommer tout ce que les écosystèmes peuvent produire en un an. Le jour du dépassement est donc plus tardif, un signe que notre pression sur l’environnement peut être moins intense. Calculé par le Global footprint network, cette date « tardive » constitue « un renversement historique » selon l’organisme, qui s’est basé sur des milliers de jeux de données pour parvenir à cette estimation.

Il s’agit indéniablement d’une bonne nouvelle pour l’environnement et le climat. En effet, pour formuler les choses autrement, cela signifie que nos émissions de gaz à effet de serre vont également diminuer cette année. « On le quantifie, mais pas encore très précisément », explique Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « Les vraies statistiques énergétiques collectées par les pays sont disponibles un ou deux ans après. » Cela dit, différents travaux dont ceux menés par l’équipe de Philippe Ciais sont tout de même parvenus à apporter un ordre de de grandeur à cette diminution. « On trouve une réduction de l’ordre de 9% des émissions globales jusqu’au 1er juillet. »  En cause, la baisse d’activité entraînée par la pandémie de Covid-19 et les différentes mesures de confinement.

Limiter à deux degrés le réchauffement climatique

Cette mise à la diète a donc été contrainte et risque alors de ne pas s’inscrire dans le temps. « On voit qu’avec la fin du confinement les émissions sont presque revenues à leur état normal dans le monde », poursuit Philippe Ciais. « Elles sont même supérieures à celles de l’année passée en Chine, par exemple ».

Néanmoins, pour respecter l’Accord de Paris, il faudrait à tout prix éviter ce type « d’effet rebond », lorsque les pays mettent les bouchées doubles pour rattraper le retard économique pris lors du premier semestre.

Pour y parvenir, il n’y a pas de recette miracle selon le climatologue : « Il faudrait que les programmes de stimulus économiques mis en place soient plus vert que marron. Voir par exemple si l’initiative européenne du « Green Deal » conduit à une diminution tendancielle des émissions. Les programmes de reprise économique aux Etats-Unis et en Chine ne semblent en tout cas pas avoir beaucoup d’impact en ce sens. »

2020 risque donc de n’être qu’une exception. Cela nous éloignerait d’autant plus de l’objectif fixé : limiter à deux degrés le réchauffement climatique. Pour l’atteindre, on estime ainsi qu’il faudrait enregistrer une baisse similaire des émissions de gaz à effet de serre tous les ans.

rfi.fr