Délivrance des documents administratifs: calvaire et corruption toujours au rendez-vous

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Depuis le lancement en fin 2021 de l’impression et la délivrance des extraits de naissance et la carte d’identité biométriques en Guinée, les services de l’État civil des Communes et les Commissariats centraux de police de Conakry sont devenus des nouveaux lieux de business et corruption entre demandeurs et agents de ses services.

Le périple et les difficultés des demandeurs de ces documents commencent d’abord à la banque pour le paiement des frais officiels demandés par les Autorités : 60.000 GNF pour l’extrait de naissance et 100.000GNF pour la carte d’identité biométriques.

A la banque, le demandeur doit attendre toute une journée à défaut de filer des sous aux agents de sécurité civile ou aux guichetiers des deux banques privées guinéennes dédiées à recevoir ces fonds   pour être vite servi.

La deuxième étape de difficultés à supporter attend le demandeur à l’Etat civil de la commune. Là également, le réseau de collecteurs d’argent  des agents recenseurs des citoyens demandeurs de l’extrait de naissance est installé. Ceux ou celles qui déboursent 20.000 à 30.000 francs guinéens sont les premiers et vite servis même s’ils sont venus après les autres qui sont sur les bancs d’attente. Face à cette situation de corruption, Souleymane Camara, demandeur, fulmine sa colère noire dans la salle d’enrôlement de la Mairie de Matam.

« Vous faites de la malhonnêteté, de la corruption, nous sommes là depuis  8 heures et vous prenez ceux qui viennent d’arriver devant nous. C’est vraiment malhonnête » fulmine-t-il.

Au Commissariat de police, une autre étape ou la dernière à franchir par le demandeur avant de recevoir sa carte d’identité biométrique 1 à 2 mois après. A ce niveau c’est le commerce à ciel ouvert comme dans  un centre commercial où tous les agents de police enrôleurs sont vendeurs et les demandeurs sont acheteurs.

Tu paies ou tu graisses un peu de sous comme ils le disent dans leur langue de passe, tu es aussitôt enrôlé.

Au Commissariat central de Matam c’est la course entre les agents pour recevoir des dossiers des demandeurs afin de les soutirer de l’argent.

Depuis l’annonce faite par les Autorités en fin novembre 2022 demandant à tous les citoyens notamment les fonctionnaires à prendre  la  carte d’identité biométrique avant mars 2023 sinon le salaire sera bloqué, les services d’Etat civil des communes, les commissariats centraux et les banques de Conakry ne désemplies pas. La souffrance des citoyens demandeurs augmente tous les jours à  la banque, à l’Etat civil,  au Commissariat et aux quartiers où les chefs de quartier ont aussi augmenté le prix à leur choix des certificats de résidence qui sont demandés à l’enrôlement au niveau du commissariat de police.

C’est un véritable circuit commercial étalé devant les demandeurs des extraits de naissance et cartes d’identité biométriques à Conakry comme un voyageur sans carte qui quitte Conakry pour Boké, à chaque barrage il faut qu’il paie 5000 à 10.000 francs guinéens jusqu’à destination.

Les autorités policières,  les communes, les banques choisies et les conseils de quartiers doivent prendre des dispositions pour mettre fin à cette arnaque et accélérer aussi le processus pour lequel des millions de guinéens attendent.

AGP