Une partie de l’opposition Guinéenne a cru nécessaire d’engager une procédure judiciaire devant la Cour de Justice de la CEDEAO non seulement contre l’Etat de Guinée mais aussi, et c’est certainement une innovation juridique, contre la Commission de la CEDEAO et les 14 autres pays membres de l’Organisation Sous Régionale.
Dans
sa demande devant cette Haute Juridiction, elle sollicite que la Cour ordonne à
la Guinée de suspendre l’organisation des élections, de séparer la tenue des
élections législatives du Référendum sur une nouvelle Constitution, de
réintégrer au processus électoral la partie de l’opposition qui n’y participe
pas au motif qu’elle a été exclue selon elle par le Pouvoir.
L’audience s’est tenue à Abuja ce jeudi 12 mars 2020 en présence des Leaders de
l’UFDG, du BL et du PADES qui y ont fait un déplacement fort remarqué à la
limite de la solennité, en fondant soit de grands espoirs sur cette procédure,
ou peut-être pour la consommation interne de ses militants, relayée en cela par
une certaine presse soit par naïveté juridique ou plus cyniquement par vente de
conscience ou militantisme caché sous le voile protecteur du journalisme.
L’Etat Guinéen, par ses Avocats et la Commission de la CEDEAO ont fait face
aux accusations. La Guinée s’est défendue d’avoir exclu qui que ce soit du
processus électoral en expliquant que plus de 30 partis politiques y
participent ; d’autres partis ont non seulement refusé d’y participer mais
ont promis d’empêcher les dites élections.
Quant à l’organisation des élections et l’opportunité de les coupler ou pas,
elles relèvent selon l’Etat, de ses prérogatives nationales. Quant au report,
le Pouvoir Exécutif y a consenti, à la demande de la CEDEAO. La Commission de
la CEDEAO, s’est quant à elle étonnée d’avoir été assignée devant la Cour et a
expliqué qu’elle n’avait rien à reprocher à l’Etat Guinéen, qui a accepté non
seulement de reporter les élections mais aussi de recevoir ses experts
pour auditer le Fichier Electoral.
La Cour de Justice rendra un Arrêt avant Dire Droit le 19 mars pour se
prononcer sur sa propre compétence à connaître de telles questions.
Finalement, par cette drôle de procédure, l’Opposition dite radicale s’est-elle
ridiculisée ou croit –elle avoir ridiculisé le Pouvoir de Conakry et la
Guinée ?
On peut certes se réjouir pour la beauté du Droit, de cette procédure qui fera
l’objet de cas pratiques dans les universités dans quelques années. On peut
considérer que c’est le triomphe du Droit et le mérite en revient aux acteurs
politiques Guinéens à commencer par l’Exécutif qui se soumet volontiers aux
procédures judiciaires nationales et internationales.
Mais on peut s’interroger aussi sur une forme d’ignorance ou plutôt de naïveté
de ces Partis Politiques sur les relations internationales et le Droit
International.
Le
Droit International Public est fondé sur « l’égalité souveraine des
Etats » comme le stipule la Charte des Nations Unies.
Il est évident que les questions électorales soulevées relèvent de la stricte
application du fonctionnement des institutions d’un Etat souverain.
On aurait pu comprendre une procédure devant la Cour Constitutionnelle de
Guinée ou même une sollicitation auprès du Gouvernement pour humblement
demander un retour dans le processus en reconnaissant s’être trompé de
stratégie politique mais pas cette drôle de procédure judiciaire devant la Cour
de la CEDEAO.
Ces mêmes leaders qui sont prompts à idéaliser les politiques menées dans deux
pays voisins, modèles respectifs des leaders de l’UFDG et de l’UFR, comme pour
faire constamment regretter à la Guinée et aux Guinéens leurs choix fondateurs
de la République, devraient regarder un peu dans les jardins de leurs mentors
et modèles. Ils comprendraient que nous sommes loin d’être les derniers de la
classe dans le respect des libertés et de la démocratie.
Ici, en Guinée, aucun opposant n’est mis en prison ou condamné à l’exil pour
l’empêcher d’être candidat aux élections. Ici, en Guinée, on permet à la
Communauté Internationale, qui n’est pas forcement notre Communauté
Internationale, d’auditer notre fichier.
Ici en Guinée, le Pouvoir accepte régulièrement le Dialogue avec son
Opposition. Il est temps d’arrêter l’auto flagellation et le dénigrement
permanent de son pays. Car en définitive, la solution de la supposée crise
politique Guinéenne est simple : Faire parler le peuple souverain de
Guinée par le Vote.