Amadou Diallo : « Je vais pouvoir faire ma rentrée à Sciences Po, c’est un rêve qui se réalise »

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Amadou Diallo a appris lundi 20 juillet que sa demande d’asile avait été acceptée par la Grèce. Ce Guinéen de 20 ans, dont l’histoire racontée dans Le Monde avait ému les réseaux sociaux, va pouvoir faire sa rentrée à Sciences-Po Paris, comme il l’a tant rêvé. Entretien.

La Grèce vient de vous accorder le statut de réfugié, quelle a été votre réaction ?

Je l’ai appris par des amis qui m’ont appelé en me disant : ‘Tu as vu la bonne nouvelle ?’. J’ai vérifié sur les réseaux sociaux et j’ai vu que c’était vrai. L’association qui me suit voulait me faire une surprise mais mes amis ont vendu la mèche avant.

Mon premier sentiment a été le soulagement. Puis, j’ai ressenti beaucoup de joie. J’attends ce moment depuis quatre ans et ma demande a été rejetée deux fois donc c’est la fin d’un long parcours.

La mobilisation après l’article publié dans Le Monde m’a beaucoup surpris, je ne m’y attendais pas du tout. J’étais très ému par cet élan de solidarité, je me suis senti moins seul. Ce moment a été porteur, j’ai regagné espoir.

Je vois Paris comme un aboutissement, je vais pouvoir faire ma rentrée à Sciences Po, c’est un rêve qui se réalise.

Comment avez-vous eu l’idée de passer le concours pour entrer à Sciences-Po ?

 Quelque temps après mon arrivée à Athènes, je suivais ma scolarité dans un collège grec. Mais c’était très compliqué pour moi car je ne parle pas la langue et j’avais beaucoup de mal à comprendre les cours.

Au bout de deux ans, j’ai fait des recherches sur internet et j’ai trouvé un lycée français, le lycée franco-hellénique Eugène Delacroix. J’ai appelé l’établissement et j’ai pu m’y inscrire.

Lors d’un exposé sur le génocide rwandais, ma professeur d’histoire m’a conseillé de postuler à Sciences-Po car je suis passionné par les relations internationales. Elle m’a dit que j’en avais les capacités et m’a aidé à préparer le concours avec d’autres élèves.

Que voulez-vous faire comme métier ?

Je veux travailler au sein du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. L’Afrique reste pour moi une priorité car selon moi, ce continent est l’un de ceux qui en ont le plus besoin.

Qu’aimeriez-vous dire ou quel conseils aimeriez-vous donner aux milliers de migrants qui sont bloqués sur les îles grecques ou sur le continent ?

J’aimerais leur dire qu’il faut prendre les études au sérieux. L’éducation est la clé qui ouvre toutes les portes.

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